La culture gay au Brésil

Deux phénomènes au moins freinent considérablement l’importation au Brésil de la culture gay occidentale. Au Brésil règne un véritable apartheid social. Les différentes classes sociales ne vivent pas sur la même planète et ne se mélangent jamais. Sauf peut-être à la plage. Le Brésil est le deuxième pays au monde au hit-parade des pays où la répartition des richesses est la plus inégale, après le Costa Rica. Résultat : la culture gay internationale se diffuse très doucement dans les couches supérieures de la population, mais sans en toucher la majeure partie. La plupart des Brésiliens continuent à vivre clandestinement leur homosexualité. Cette division est également géographique. Elle suit une ligne qui divise le pays entre régions du Nord, où la population est issue de la colonisation portugaise et de la traite d’esclaves, et régions du Sud, économiquement plus développées, où la population est composée d’immigrants plus récents et d’origines diverses : italienne, allemande, polonaise, libanaise, syrienne, japonaise. Ce n’est pas un hasard si la capitale gay du Brésil est São Paulo, ville qui a bâti sa prospérité sur le café et l’industrie.

Le milieu associatif balbutie. Son impact est à des années-lumière de celui des organisations culturelles au Brésil, telles que le festival de cinéma gay et lesbien, Mix Brasil, le deuxième festival de cinéma après la Mostra Internacional, de São Paulo. Cette reconnaissance a cependant un prix : pour ne pas heurter de plein fouet l’homophobie encore importante de la société brésilienne, le festival s’intitule «De la diversité sexuelle» et arbore le sigle GLS, pour «gai, lesbien et sympathisant». Ce sigle est devenu au Brésil l’euphémisme pour dire homosexuel(le). Les droits des gays et des lesbiennes sont défendus par des groupes d’une visibilité médiocre. Surtout par rapport aux 160 millions d’habitants distribués sur un territoire équivalent à 16 fois la France.
Parmi les associations les plus importantes, il existe le Grupo gay da Bahia (nord-est) et le Grupo Identidade, implanté à Rio Grande do Sul (extrême sud).